Sortie RIBIER

du 1er au 4 mai 2003

SOMMAIRE

Les fous du caillou (Nathalie VERCRUYSSE)

L'espédition CURBANS (Claude MALLEVIALLE)

Au club des PTT Rhône Alpes, c'est comme çà (Clod LAFRASSE)

 

 

 

Ils sont de retour : les fous du caillou dans

"Le week-end de tout les dangers" du 1er au 4 mai 2003

N'essayez pas d'éteindre votre compte rendu, nous contrôlons tous les paragraphes qui vont suivre. Le récit que vous allez lire est vrai, une trentaine de personnes ont été témoin de ces phénomènes étranges.

Jeudi 1er Mai

Pour une fois, on est presque pas en retard (15 minutes, un record!).

Itinéraire, livres, maman, papa, Didine (c'est ma soeusoeur à moi !), chien, armes et bagages, tout est dans la voiture.

Direction : Gap. Par chance, à cette heure, la circulation est très fluide et nous arrivons au point de rendez-vous légèrement en avance. Nous retrouvons entre autres Gérard, Michel, Henri, Daniel...Vous m'excuserez de ne pas citer tout le monde, on était nombreux pour cette sortie.

Après avoir regroupé toutes les troupes, nous partons en caravane vers le premier site. Pas si simple d'emmener tout le monde à bon port. En effet, il y a pas moins d'une dizaine de véhicules. Pour corser encore la difficulté de l'exercice, le village de Laragne que nous devons traverser organise ce jour-là une foire. Vraiment tout pour plaire. Enfin, après quelques haltes permettant de regrouper tout ce petit monde, nous arrivons enfin sur le premier site.

Si on tendait l'oreille, on pourrait presque entendre l'appel de la septaria sauvage (mais non, j'ai rien fumé!!!). A priori, les bottes ne sont pas indispensables. Il faut juste prévoir de quoi creuser et éventuellement casser les septarias.

Après quelques minutes de marche, nous sommes dans les ravines.

Les septarias se présentent légèrement différemment de celles de Remuzat. Le terme consacré pour désigner ce genre de septaria est "poudingue" (l'orthographe n'est pas garantie authentique).

Pour résumer, il faut principalement chercher des pierres percées soit de part en part, soit sur un côté. C'est en général dans ces creux que se forment les quartz. Le mieux pour éviter d'abîmer les quartz est de récupérer les septarias entières et de les ouvrir au trimer.

Après quelques explications de Gérard, chacun choisit sa technique et son coin.

Toutefois, la première trouvaille n'est pas d'ordre minéralogique. C'est Sarah, une nouvelle "chercheuse" qui trouve une morille au pied d'un sapin. Malheureusement, le reste de l'omelette ne suivra pas.

Au bout d'un quart d'heure, j'entends les premiers coups de pioche. En levant la tête, je vois un des dahuts du club sur les marnes à près de 25m de haut. Je savais pas qu'en venant reconnaître le terrain, ils en avaient profité pour installer un ascenseur.

Après avoir cherché quelques pièces en me baladant, je décide de retourner vers les voitures. De toute façon, au vu de l'heure, la pause déjeuner ne devrait plus tarder. Nous voyons peu à peu revenir les "caillouteux". Il semble que chacun ait trouvé une pièce sympa. Même vachement sympa pour certains.

Le casse-croûte avalé, la majorité des membres de l'équipe du matin retourne sur le site. Pour ma part, ce sera bouquin et dodo! En fin d'après-midi, les troupes sont de retour. Il faut aller prendre possession de nos logements respectifs dans un camping à Curbans, au bord du lac. Nous faisons connaissance avec les propriétaires et prenons peu à peu possession des bungalows pour les uns, des emplacements pour camping-car pour les autres. Gérard, grand organisateur de la sortie, nous a négocié les repas du soir qui nous seront servis au bar du camping, le Pirate's bar. Après une bonne douche pour certains, nous nous retrouvons au bar. Le patron, Jocelin de son prénom, nous offre gentiment l'apéritif puis nous invite à passer la table. Bien qu'installés en deux tablées, les conversations vont bon train, attisées pour certains par des vins de la région bien agréables. Je découvre à cette occasion les lasagnes au saumon, un pur délice. Maman et moi n'avons pas trop de mal à obtenir la recette, qui nous est gentiment expliquée par Jocelin et Dominique, sa femme. Au dessert, nous avons droit à un vrai café liégeois, c'est tellement simple et tellement bon, faut qu'on s'en refasse!

Au café, on organise le planning du lendemain: pyrite à Serres-Ponçon, sachant que le site est à 3/4 d'heure de marche environ sur un sentier forestier. Papa suggère, en cas de pluie, un atelier d'initiation au trimer. Jocelin nous met à disposition un local couvert ce qui permettra de traiter les pièces trouvées la veille. A priori, Amandine ma soeurette, maman et moi resterons au mobil-home. Ceci étant dit, rendez-vous est donné à tout le monde vers 9h.

Vendredi 2 mai

Ni Amandine ni moi n'avons chanté, ça n'empêche qu'il pleut généreusement dès 6h30.

Nous retrouvons au petit déjeuner Frédéric DELORME et Claude MALLEVIALLE, avec qui nous discutons sites et prospection. La sortie aux pyrites est momentanément reportée, personne n'ayant emmené son costume d'homme grenouille.

Certains en profitent pour aller se balader ou faire quelques courses, d'autres lisent ou jouent aux cartes, quelques-uns vont s'essayer au trimer. A ce propos, il serait utile lors de ce genre d'activité de prévoir un peu plus de loupes. Les enfants de Jocelin et Dominique viennent faire un tour et sont en admiration devant les pièces éclatées (la naissance d'une vocation?).

Vers midi, le ciel s'éclaircit et le soleil fait une apparition prometteuse. Nous déjeunons dans le mobil-home puis papa retourne au trimer. Gérard, Michel et quelques courageux décident d'aller faire un tour du côté des pyrites. Nous restons au mobil-home et bien nous en prend: la pluie recommence à tomber et l'après-midi verra se succéder plusieurs averses.

J'espère qu'à Serres-Ponçon, l'autre partie du groupe a pu se mettre à l'abri. Je vais jeter un coup d'oeil du côté du trimer, les pièces sont vraiment très belles.

En fin d'après-midi, le retour des courageux coïncide avec l'arrêt définitif de la pluie pour la journée. Pendant l'apéritif, on discute d'une découverte intéressante: la fille du propriétaire du camping a en effet montré à papa durant la séance de trimer un superbe quartz sceptre et fenêtre gros comme le pouce! Cette belle pièce lui avait été donnée par un ami de ses parents qui nous a confirmé qu'il l'avait trouvé dans la région. Un site intéressant à aller explorer à l'occasion.

Le repas est aussi animé que la veille et le menu tout aussi délicieux.

Au programme demain : sortie à Ribiers pour des septarias. Le seul problème c'est qu'il faut prévoir entre 1h et 1h30 de marche et que selon certaines sources, ça grimpe. Notre forme ne nous permettant pas ce genre d'exercice, Gérard nous parle d'un autre site à septaria, dans le même secteur, plus facile d'accès. Le rendez-vous pour le lendemain est prévu à 9h. La plupart vont se coucher afin d'être en pleine forme pour le parcours du combattant mais 4 personnes, Amandine, papa, Jean-Patrice et Dominique la femme de Michel, résistent (encore et toujours à l'envahisseur ) et décident de jouer au tarot. Selon les infos que j'en ai eu à posteriori, Jean-Patrice y a gagné une réputation "d'épicier" et il aurait menacé de mettre sur le site internet du club les résultats de la manche. Pour votre gouverne, c'est Dominique qui a gagné mais si l'on avait droit à un compte-rendu de la partie, ça serait franchement marrant!

Samedi 3 mai

Après le petit déjeuner, Gérard nous donne un plan du site dont il nous a parlé. Après un arrêt course et nous être fourvoyé sur les petites routes (on va quand même pas se stresser en congé), nous arrivons sur le site. Au vu des pluies de la veille, nous jugeons plus prudent de mettre des bottes.

Le terrain de chasse est vaste, papa et moi partons chacun de notre côté. Les septaria sont là aussi de type poudingue.

Apparemment, les pluies de vendredi ont fait descendre et éclater certaines pierres, ce qui permet de voir quelques pièces intéressantes sans lavage préalable, pas de quartz monstrueux en vue mais des choses sympathiques pour la bino.

En plus, il y a sur le site un ruisseau qui se prête très bien au nettoyage des pièces.

A la pause repas, nous nettoyons et examinons à la loupe les trouvailles de la matinée. Papa décide alors de venir dans le secteur que j'ai exploré. Nous trouvons assez facilement des pièces d'apparence engageante, le diagnostic final sera fait après passage au trimer.

Mais il faut bien avouer que le soleil tape dur sur les éboulis, on se sent un peu comme un rôti. Préférant m'arrêter à la cuisson rosée, je vais laver mes trouvailles pour faire un premier tri. Papa me rejoint bientôt et après un tri sommaire, nous reprenons le chemin du camping pour une douche bien méritée et bien agréable. A l'apéritif, nous pouvons mesurer la fatigue de la journée simplement en regardant les visages des uns et des autres. Jean-Michel en est même à se demander s'il ne va pas aller se coucher tout de suite. Toutefois, Jocelin et Dominique ont un argument de poids pour persuader les combattants de rester : une paella géante préparée sur place.

Elle m'a furieusement rappelé une paella mémorable que Henri avait préparé au feu de bois au bord des Usses. Est ce le repas ou autre chose, la vitalité semble revenue même aux plus fatigués. A la fin du repas, Dominique nous joue (fort bien d'ailleurs) un air de clarinette.

Bissée, elle en joue un autre.

Henri et Simone, entraînés par la musique, se mettent à danser, rapidement imités par d'autres. Jean-Patrice, qui pourtant avait l'air fourbu en début de soirée, n'est pas le dernier à danser. Il est difficile de décrire l'ambiance de folie qui règne rapidement mais ceux qui ont déjà participé à une de nos sorties de plusieurs jours, savent très bien ce que je veux dire. D'après ce que j'ai compris, certains sont restés danser jusqu'à une heure fort tardive pour ne pas dire matinale. J'ai déclaré forfait bien avant, eh oui, les jeunes n'ont plus de santé, ma pauvre dame!!

Dimanche 4 mai

(même les bonnes choses ont une fin) Le réveil a dû être très dur pour certains. Toutefois, il me semble que personne, et de loin, n'a regretté sa soirée. Le programme de cette dernière journée est laissé à l'appréciation de chacun : quelques uns vont refaire un dernier tour sur site, d'autres une prospection aux quartz fenètre (encore une sacrée pièce de récoltée…), pour notre part, nous craignons de tomber dans les bouchons et décidons de partir sitôt le bungalow déblayé.

Nous disons au revoir à tous et allons saluer les propriétaires du camping. Ils semblent conserver un bon souvenir de notre séjour, pour preuve leurs propres mots: "On connaissait les clubs de vélo, maintenant, on connaît le club de géologie des PTT de Lyon. On aime bien les clubs géologiques!". Il faut reconnaître qu'on les sentait un peu réservés quoique très accueillants, mais après analyse, une certaine timidité passée, ils sont au bilan aussi fous que nous! Le trajet de retour se passe très bien, la circulation est fluide. Nous sommes de retour à la maison en début d'après-midi avec de quoi s'occuper entre le concassage et le nettoyage.

Pour résumer cette sortie: du beau temps, des pièces fort intéressantes, des participants super, un camping agréable et une ambiance du feu de dieu!!!!

Nathalie VERCRUYSSE

 

 

Compte rendu de l'expédition " CURBANS "

ou

Peut on encore trouver des cailloux et comment ?

 

 

Pour le savoir, nous sommes deux parisiens géographiques, qui, le 1er mai, rejoignons les membres de l'expédition organisée par le club géologique PTT Rhône Alpes.

L'objectif est de traquer la septaria, les ammonites et la pyrite, voire l'ammonite pyriteuse dans une septaria.

A cette fin, la prospection s'effectue dans le J3 des cartes géologiques (jurassique supérieur) dans les Hautes Alpes.

Le regroupement est rigoureusement ponctuel, à Serres (N 75 x D994) et le nouveau peut faire connaissance avec tous. L'animation et les conversations vont bon train, mais Gégé contrôle parfaitement la situation et ne tarde pas à rassembler les conducteurs pour leur indiquer la prochaine destination au cas où le convoi serait disloqué. Notre leader aurait pu être Chef de Peloton dans l'arme du Train des Equipages, car il mène sans erreur sa colonne de véhicules jusqu'au point de stationnement prévu sur la D 942. Face au parking, des collines marneuses ressemblant à de gigantesque éboulis entaillés de profondes ravines s'adossent à un relief classiquement calcaire.

C'est dans ces marnes plus calcaires qu'argileuses, grises très clair au soleil et noires quand elles sont mouillées, que sera conduite la recherche des indices pour un gisement de septarias-poudingues.

Mais avant il faut s'équiper et déployer les matériels qui seront utiles. Pas de doute pour l'observateur, le groupe est lourdement mais déontologiquement armé : pioches grand modèle, pelles lot de bord, pic de mineur, masses, broches de gros calibre, font sentir à certains débutants qu'ils ne seront pas aujourd'hui, dans la même catégorie avec leur " eastwing ", leur truelle et leur burin. Mais ce matériel, il faut le porter, d'abord dans une facile marche d'approche de 15 minutes, mais ensuite aussi dans les pentes des ravines qui sont parfois à plus de 45 °. La démonstration est faite qu'une pioche de terrassier se promène aussi facilement qu'un piolet : tout est question de condition physique.

Le climat est idéal : il ne pleut pas et il ne fait pas trop chaud, le terrain est humide sans être gras. Il est certain que ce site perdrait beaucoup de son agrément en temps de pluie (terrain dangereusement glissant) ou sous un soleil ardent (réverbération et poussière).

L'azimut étant approximativement donné, le groupe se disperse par binôme ou trinôme dans le labyrinthe de ravines.

Il faut trouver des nodules durs, d'un à plusieurs décimètres, présentant un ou deux trous laissant présager l'existence d'une cavité. Les indices sont rares, le terrain étant majoritairement recouvert de morceaux de marne délitée s'accumulant souvent en solifluxions instables.

Un groupe se fixe et décide d'attaquer un chantier : les pioches piquent le flanc d'une ravine et les résultats ne tardent pas à satisfaire les prospecteurs avant que l'heure du repas ne les rappelle à leur véhicule pour un regroupement convivial. Le temps nécessaire aux travaux de mastication étant écoulé, le terrain de prospection est réinvesti, mais, semble t il, sur des indications et informations plus précises.

Un nouveau chantier est ouvert : le cubage des déblais est impressionnant, même vu de loin par ceux qui ont choisi la prospection de surface… laquelle se révélera stérile et deviendra plutôt l'occasion d'une petite mise en jambe.

En fin de journée, par petits groupes, carriers poussiéreux et glaneurs prospecteurs se retrouvent sur le parking ou déjà se trouvaient certaines compagnes.

Chacun fait circuler ses trouvailles : un quartz diamant centimétrique, niché dans le tunnel d'un nodule " septarien ", déclenche un intérêt et une curiosité qui rappellent la découverte, ce matin, d'une morille, altière et unique insolemment juchée sur le talus d'un ruisseau.

Le trimer fonctionne sans relâche et grâce à la dextérité de Jean-Louis révèle les merveilles dissimulées, aussitôt identifiées : quartz, calcite, dolomie, ankérite, pyrite, aragonite, célestine, barytine, goethite, trace de naphte et de pétrole… et bien d'autres sans doute qui seront révélées par l'examen à la binoculaire.

Les mieux lotis partagent leurs découvertes avec les moins chanceux ou laborieux. Gégé s'attache à ce qu'il n'y ait pas de bredouille. Tout le monde est content et visiblement satisfait du résultat. Le convoi peut se reformer et prendre la direction du camping de Curbans.

Accueil sympathique. Installation dans les mobilhomes. Chacun vaque aux activités qu'il considère les plus urgentes. A 20 heures le groupe se retrouve devant le bâtiment principal pour bénéficier de l'apéritif offert et reprendre les discussions pour lesquelles le temps manque toujours.. L'ambiance vespérale sera animée, conviviale, chaleureuse, entretenue et relayée par le repas pris en commun et d'autres activités plus tardives. Chacun s'accorde à remercier le Trésorier qui a bien voulu desserrer les cordons de la bourse et prendre en charge les boissons de ce premier repas.

Le lendemain, 2 mai, dès 5 heures, les vannes du ciel s'ouvrent. La pluie discontinue dissuade notre guide éclairé de lancer une nouvelle opération sur le terrain. La matinée donne l'occasion à Jean-Louis de remettre en batterie l'éclateur qui parle et fait parler les septarias. De nouvelles et bonnes surprises tant micro que macro, récompensent les efforts déployés.

Quelques éclaircies apparaissant, il est décidé de traquer la pyrite et peut être même l'ammonite pyriteuse, véritable bartavelle des géologues. Pour permettre un stationnement satisfaisant à destination, l'équipe est regroupée dans 4 véhicules qui prennent la direction de Serre Ponçon. Le marchand de minéraux situé au dessus du barrage est rapidement visité et n'alimente aucune surprise particulière. Les véhicules sont abandonnés sur un parking en bordure de route.

La piste forestière qui s'enfonce dans les bois , en face du parking, conduit à une belle cascade, laissée à gauche pour remonter le cours du ruisseau. Après quinze minutes de marche dans un cadre toujours sylvestre, l'aspect d'un talus ne laisse aucun doute sur la présence d'un chantier de recherches. Le talus de 3 mètres de haut environ est constitué de déblais d'un calcaire marneux gris-bleu très foncé, presque noir qui fait étrangement penser à du houiller. Ces déblais ont été arrachés à un banc rocheux d'une puissance d'environ 6 mètres de haut. La partie dégagée mesure environ 10 mètres de large mais seule la partie droite s'avérera fertile sur environ 5 mètres.

Tandis que le matériel, toujours aussi lourd, est mis en batterie, les premières traces de l'or des fous sont détectées, agglomérats jaune dorés émergeant timidement de la masse rocheuse. La claire sonorité des broches frappées par les masses prend du volume et de l'intensité. Les exclamations fusent : nodule de pyrite découvert… ou brisé suspicion d'ammonite confirmée …ou infirmée lourde masse de Michel ripant sur la main de Gégé et plus tard le contraire… Les intonations sont les mêmes… le vocabulaire pas toujours.

Les équipes se relaient, permettant à tous d'accéder aux parties du site qui sont productives : là encore le partage -au moins des chances- est de mise. Aucun répit n'est laissé à la roche qui encaisse et se décaisse jusqu'au signal du repli. Mais avant de fermer les sacs notre guide s'assure encore que chacun est bien loti : il n'est pas possible de quitter un lieu sans un résultat partagé.

Au résultat : quelques écorchures et hématomes, oubliés (pas tout à fait) au bénéfice d'une ammonite pyriteuse et quelques autres suspicions, que HCl confirmera sans doute. Et pour tous, des échantillons de pyrite dont l'acide révélera la taille et les formes exactes.

De retour au camping, le groupe se disloque, pour se reconstituer aux mêmes heures et lieux que la veille. Apéritif, encore offert, repas, ambiance animée : il règne dans ce Club une ambiance de joie et d'amitié communicative.

Le lendemain, 2 mai, le ciel est clair et le soleil annonce sa domination. Du coup, l'information circule : il faut prévoir de généreuses provisions de boisson . Cette instruction annoncerait t elle une journée un peu plus " physique " ?

C'est déjà en voiture que se fait une première partie du trajet et par la D948 la colonne de véhicule se dirige vers Ribiers, dans la direction de Sisteron. Nous empruntons un chemin de terre , sur la droite. Il conduit à un mas qui est prudemment traversé. Au premier embranchement, c'est la piste de droite qui est empruntée pour gravir une bonne pente et conduire à un emplacement de parking à l'ombre de deux feuillus. Le groupe s'équipe et se charge, puis, d'un pas sage et mesuré entame l'approche des gisements. Le chemin grimpe sans discontinuité et il fait déjà chaud. Certains sacs sont sans doute plus lourds que d'autres… certaines jambes aussi. La troupe s'étire, les conversations sont plus rares, les passages à l'ombre très fréquentés. En prenant de l'altitude, une splendide chaîne de montagne, encore enneigée, se découpe clairement sur l'horizon de l'est : sans doute le Mercantour. La contemplation conduirait facilement à la méditation… mais les cailloux attendent depuis le jurassique : ils doivent être impatients.

Deux groupes se forment et choisissent des objectifs différents Gégé conduit une première manipule à travers bois, pour aboutir au pied d'un réseau de ravines creusées dans les marnes noires.

Un camp de base est installé et les provisions y sont déposées. L'équipe remonte la ravine et se mesure aux instables solifluxions.

Au passage, des morceaux de rostre de bélemnite et d'ammonite sont ramassés. Par binôme ou en solo les recherches et sondages sont entrepris, notamment à la source de la ravine. Michel est heureux de l'une de ses découvertes dans un éboulis. Frédéric et Claude s'acharnent sur un banc rocheux, d'une puissance de 10 cm environ, qui est dégagé sur 5 mètres de long. Les morceaux révèlent des petites failles concrétionnées par des quartz, de la dolomite et de l'ankerite, dira Jean-Louis en précisant qu'il s'agit vraisemblablement de septarias en galettes dont les cristallisations se font dans ce qui semble être des fentes de retrait.

La sécrétion des sucs gastriques, incite à un regroupement autour des sacs de victuailles. Le repas prend, pour certains, l'allure d'un rapide " en cas ". Les sacs sont rechargés pour une nouvelle prospection et le choix d'un nouveau site, dans le sillage de Gégé et de Michel. Le soleil est au zénith, rien ne l'arrête. Les guides eux mêmes reprennent de temps en temps leur souffle, d'autant que le cheminement, à travers bois et ravines fait toujours prendre de l'altitude.

De belles empreintes d'ammonites sont repérées et respectées, compte tenu de leur taille et de leur support. Des septarias sont glanées à titre d'indice, et finalement le groupe retrouve le reste de la troupe partagée en deux chantiers, à la source d'une ravine.

Du coté Nord, les prospecteurs ont déblayé 4 m3 environ, dans le talus de la ravine, à 3,50m de la surface de terre arable. A ce niveau, dans un calcaire plutôt jaune se trouve une couche de septarias qui chantent sous la pioche et révèlent des nodules riches en très jolis quartz diamant.

Du coté Sud, et dans les mêmes conditions, ce sont surtout les ammonites qui sont traquées. Sur le tard, un troisième chantier, sans doute sur la même couche, mais à l'ouest, donnera des joies au binôme bien inspiré. Le site juché à 868 mètres d'altitude (220 de plus que le parking) donne, à l'Est, une vue totale sur les montagnes déjà aperçues lors de l'approche des sites. C'est grandiose, pur, fascinant, apaisant.

Et les meilleures choses ont une fin. Le retour se fait isolément ou en groupe. Quelques pas en fausse piste pour les uns, sûreté dans le sens de l'orientation pour les autres… personne ne s'égare définitivement et le compte est bon pour notre guide toujours attentif. De retour au camping, la soirée sera très particulièrement animée.

Repas, musique, danse, montrent qu'il reste des ressources, et qu'il peut être envisagé d'aller plus loin, plus haut, avec des outils plus gros. En tous cas il est au moins un participant qui était vanné et qui s'est assez rapidement éclipsé pour récupérer avant le long retour du lendemain. L'expédition était terminée avec les regrets de devoir s'arrêter et se quitter, mais avec le grand plaisir d'avoir participé, partagé, appris, vécu. Groupe où l'intégration est rapide et facile.

Respect et attention constants et réciproques, Générosité et passion raisonnée, Connaissances partagées, se pourraient être l'amorce d'une longue liste des vertus entretenues par le groupe qui s'est retrouvé à Curbans.

En post scriptum, il convient de signaler qu'un binôme parti tôt le dimanche matin, pour un long retour vers la capitale, n'a pas résisté à l'appel du site prospecté le premier jour, devant lequel passait sa route. Après 1h30 d'errance dans les ravines aucune trace de pas , ou de travaux n'a pu être localisée, preuve que la seule pluie du vendredi avait pu neutraliser les " outrages " précédemment commis à la nature.

Claude MALLEVIALLE

Club Géologique Ile de France

Pour en savoir plus sur les septarias :

- Les septarias, cristaux et géodes de Provence. Rolland ODDOU, 1999.

- Les nodules baritiques. Rolland ODDOU, à paraître.

Commandes ou souscription : chez l'auteur, 19 bis impasse des Poudriers N7 84700 SORGUES.

NB : Les coordonnées de chaque point de prospection ont été relevées par GPS en système WGS 94 (carroyage indiqué en bleu sur les cartes IGN récentes). Elles sont archivés au sein du Club à la disposition des participants à cette sortie, mais ne sont pas diffusées pour des raisons évidentes de pillage mercantile. Actuellement le système d'exploitation des satellites (nord américain) génère volontairement une marge d'incertitude accrue et parfois de l'ordre de 60 mètres. La raison officielle se réfère au contexte politico militaire actuellement vécu par les Etats Unis.

 

 

Au Club des PTT Rhône-Alpes, c'est comme ça…

Puisqu'il a été convenu que chacun pouvait écrire ce qu'il voulait sur ces 4 jours du week-end du 1er mai 2003, voici ma version.

Je laisse le soin aux "pros des cailloux" de parler cailloux et aux cueilleuses de fleurs de parler fleurs ou d'autres choses : Harley Dawidson par exemple. Alors me direz-vous, si tu ne parles pas de cailloux, ni de fleurs ni de Harley que te reste-t-il ?

"L'ambiance"! oui, l'ambiance, l'atmosphère de ces 4 jours. Dur à dire, dur à définir, mais le constat est là : Nous sommes rentrés à la maison un peu à contre cœur, un peu tristounets de quitter nos amis. Il faut dire que le temps nous a filé entre les doigts :

Rendez-vous à 10h.

A 11h , nous "grattions" déjà !

Le lendemain, mis à part quelques gouttes d'eau le matin, même punition , et idem pour les deux jours restants. Mis à part le trajet aller-retour : 4 jours au grand air, 4 jours comme on voudrait en vivre toute l'année, 4 jours de sport : une vraie remise en forme de printemps !

Heureusement, face à cette débauche de fatigue physique, nous avions de quoi nous requinquer le soir.

Servis comme des princes !

Un accueil quasi familial, plus que chaleureux ; un hébergement relax taillé pour nous et une table qui ferait pâlir bon nombre de gargotes.

Bravo Gégé, tu as tapé juste !

En parlant de taper, j'en connais un qui n'a même pas tapé : il s'est baissé et a ramassé un cailloux. Je ne sais pas pourquoi, mais il a tenu à payer son verre.

Il y a des dimanches comme ça où un (beau) caillou fait le bonheur de tout le monde.

Jean Michel nous fera certainement une belle photo de sa pièce.

Pour la Harley, et son propriétaire, il n'y aura certainement pas de photos …pour les détails, demandez à ces Dames !

Clod