Sortie Orpaillage et minéraux dans le Gard du 21 au 24 Mai 2004

Jeudi matin, départ de bonne heure pour ce séjour dans le pays d’Alès. Après avoir enduré les bouchons de la vallée du Rhône, arrivée dans le magnifique pays Cévenol, rassemblement et retrouvaille au camping des membres du club géologique et de quelques Parisiens descendus en profitant de l’occasion pour changer vraiment d’air. En tout vingt et quatre personnes.

Chacun prend possession de ses appartements de campagne non loin de la rivière, le Gardon. Il s’agira de récupérer l’or qui descend du massif des Cévennes, contenu dans des congloméras, qui se libèrent au fil des infiltrations, de l’érosion, charrié par les eaux des ruisseaux qui deviennent des torrents et descendent alimenter le Gard.

Après le repas, tout le monde prend la direction des bords du Gardon, dûment munis de son autorisation officielle personnelle délivrée par la préfecture, avec l’outillage indispensable : batés, tamis, pelles, pieds de biche, massettes et petites boites bien étanches pour garder les trouvailles. Arrivé dans le lit de la rivière, chacun creuse, gratte, filtre et récupère à la baté, avec la passion de trouver le métal jaune.

Observation dubitative des lieux

La fièvre de l’or est bien là.

Il ne fallait pas oublier un couvre chef, le soleil participant lui aussi avec vigueur.

Il fallait tout de même les chercher

 

Premier bilan : la quantité de paillettes est quand même inférieure à l’année précédente : or, zircons, grenats, hématite et malheureusement, ce qui est plutôt inquiétant, une bonne quantité de plomb de chasse et de pêche. Si quelqu’un connaît le secret pour transmuter le plomb à peu de frais en or, on fera tous fortune. A vos grimoires donc !

Vendredi, la deuxième journée débuta pour les lèves tôt par une petite série de batées matinales à proximité du camping, qui a donné entre autres, une très belle paillette assez épaisse, largement de quoi donner envie de s’y remettre. Le reste de la journée consacré à la prospection d’autres rivières fut plutôt décevant, les tentatives à différents points repérés sur la carte IGN ne donnèrent pas grands résultats.

 

Au lieu de la première tentative, on remarque des failles avec un contact entre un vieux granite et une roche volcanique qui a rempli les failles et a métamorphisé le granite en déformant les orthoses (feldspaths potassiques) au contact de la matière chaude.

Après le repas du midi, une deuxième recherche est tentée dans un autre cours d’eau où des rapides ont érodés et arrondis le granite ce qui donne de caractéristiques et magnifiques marmites de géant et un site paradisiaque. A chaque batée c’est une ou deux paillettes d’or, pas de quoi faire fortune ; quoique le début de la fortune était au fond de la marmite puisque c’est une poignée de pièces de monnaie qui fera son apparition dans une batée ! !

 

Certains essayent de se cacher, mais peine perdue...

 

Il a fallut s'y mettre à plusieurs pour soulever la batée pleine d'or

Fin de la deuxième journée. Nous décidons de nous retrouver pour le repas du soir offert par le Club au bord de la rivière, apéritif, bonne humeur et quelques grillades admirablement préparées par Maitre Jean-Patrice et Henri son adjoint de circonstance. Qu’ils soient ici vivement remerciés pour leur peine et leur bonne humeur communicative.

La jeune géologue aussi donne son avis

Une jeune géologue de quelques mois (la plus jeune adhérente du Club PTT) ramasse les pierres sur le sol en faisant ses premiers pas.

L’orage ayant eu le bon goût d’attendre la tombée de la nuit et la fin du digestif avec l’indispensable génépi, le moment où l’on commençait à ne plus voir grand chose pour se mettre à tomber. Il convient aussi de préciser que gateaux et cognac marquèrent les anniversaires de Claude et de Jean-Pat.

Nous rentrons à pied bien fatigués, mais enchantés de ce moment de partage et de convivialité.

Samedi, petite batée matinale dans le Gardon pour les mêmes lèves tôt, une équipe est partie rechercher des calcites au milieu d’un calcaire gris qui constitue les hauteurs de la région.

Dans les diaclases et les failles, il s’est formé des cristallisations rhomboédriques et scalénoédriques, l’œil aiguisé du vieil habitué repère les failles, leur orientation et leurs continuités susceptibles de contenir des calcites cristallisées, dans des géodes ou dans des fissures. Il faut quelques vigoureux coups de masse et de burin bien assénnés. La roche, après une fouille et un dégagement énergique nous livre ses calcites scalénoédriques ou en dents de cochon. Lorsqu’il y a de l’argile, les cristaux sont teintés en orange, sinon ils sont d’une brillance et d’une limpidité à toute épreuve.

Une fois le sac à dos plein, il faut alors se décider à quitter les lieux. La mise en charge sur le dos est difficile : le géologue se transforme en mulet… Sur la route du retour de belles couleurs roses violacés attirent l’œil et une petite station d’orchidées est découverte, avec des Anacamptis Pyramidalis et des Serapia.

Tandis que les fans de cristaux sont allés aux calcites, les fans de fossiles sont allés prospecter dans des marnes. Ils ont ramené, des nodules contenant des ammonites et une belle Hildoceras Bifrons.

Petit retour vers la rivière, au site de la première journée, plutôt très fréquenté ce jour pour une dernière journée d’orpaillage.

Globalement le résultat fut moins encourageant que l’année précédente, mais l’ambiance toujours aussi bonne. Pour la soirée, une partie de l’équipe a été écouter une conférence culturelle réalisée par Dominique Dumas à la demande de la municipalité de Mialet. Ce village fut la patrie d’un ancien maire de Lyon qui était un collectionneur passionné de tableaux. Il fit don de sa collection au Musé des Beaux Arts de la ville de Lyon. Il eut un descendant célèbre en la personne du prix Nobel de physique Gilles Degenne.

L’autre partie de l’équipe se retrouva au restaurant pour déguster la cuisine Cévenole.

Dimanche, journée de retour, et comme à l’habitude dernière petite batée matinale. Au moment de partir, tout le monde prend en photo la magnifique orchidée Ophrys découverte dans le camping sur un emplacement occupé par un des membres.

Retour tranquille sous la chaleur et par les chemins de traverse, arrêt dans une ancienne exploitation de charbon du bassin minier d’Alès. Découverte d’échantillons de tétraédrite et différents minéraux de cuivre dit secondaire, car ayant subit une altération. Non sans intérêt pour les amateurs de cristaux tels qu’azurite, malachite, olivénite et cérusite. Parmi les déblais, des blocs de barytine, de la dolomite et des blocs de charbon ou apparaissent des feuilles de fougères.

Retour à domicile, examen des échantillons rapportés. Ils sont un peu volumineux par rapport à leur partie cristallisée. Mais c’est là qu’entre en action un outil miracle : un trimer XXL de conception et de construction Pierre Grosjean (voir sur le site Internet du Club). Cet outil fait merveille, ce qui évite de se charger inutilement et permet de ne garder que la partie la plus intéressante des échantillons récoltés. Cela fera des heureux parmi les utilisateurs de binoculaires et de micromontages.

Pour conclure, un long week end de découverte de l’orpaillage et quelques cours de géologie sur le terrain pour les uns, découverte botanique pour les autres. Découverte aussi de petites villes et des paysages Cévenols pour les Parisiens.

Merci à la Préfecture du Gard et aux organisateurs qui ont des idées novatrices et qui savent entretenir un bon état d’esprit dynamique.

Jean-Luc Manceau Club Géologique PTT Pays de Loire