4 octobre 1998 : St PAUL TROIS CHATEAUX

Vingt participants malgré la distance, Sud de la Drôme, pour cette sortie par une belle journée d'automne.

D'abord, je tiens à saluer le formidable travail de prospection des organisateurs : les familles LABBE et BOUILLON. Plusieurs " Aller-Retour " seront nécessaires pour la reconnaissance du terrain et mener les négociations avec le propriétaire des lieux, je devrais dire les tractations avec le propriétaire, celui ci avait émis le souhait d'avoir quelques pièces de collection en guise d'échange... Le métier de maquignon est dur et difficile.

Nous nous retrouvons donc une bonne vingtaine dans les collines du Burdigallien de la Drôme, au milieu de la garrigue Provençale. Au fait, qu'allons nous pêcher dans ce coin là ? Des oursins bien sûr.

Pour l'état civil officiel il s'agit de - Embranchement : ECHINODERMUS - Classe : ECHINIDES - Ordre : CLYPEASTROÏDES - Famille : SCUTELLA - Espèce : PAULENSIS

En fait, il s'agit de Scutelles, espèce très proche de Scutella Subrotonda. Oursin très aplati, pas plus d'1,5 cm de haut pouvant atteindre 12 à 13 cm de diamètre, au contour marqué par de légères échancrures en face des pétales.

On trouve aussi quelques bivalves, cidaris, et de petites dents de Lamnas (requins), à condition d'avoir l'oeil exercé de Dolorès

La marche d'approche ayant été courte, nous passons au travail de bonne heure, avec beaucoup de coeur à l'ouvrage, histoire de se réchauffer en attendant le soleil. Au pied d'un talus d'environ 2,5 m, les organisateurs avaient bien repéré la couche fossilifère qui nous intéresse; c'est la plus basse; les test sont fossilisées en plus ou moins grande concentration par les courants et accumulés dans de petites fosses.

Le chantier s'étale sur une quinzaine de mètres par équipes de trois à six personnes. 9 H, 10 H, 11 H, 12 H, 13 H, les diverses strates gréseuses, tantôt friables, tantôt dures, ne résistent pas à nos coups de pioches, de broches ou de masses. Deux mètres plus bas, après 4 ou 5 heures d'un dur labeur, chacun a pu dégager une partie de la couche à scutelles. Pour avoir des plaques en bon état, il ne faut pas oublier de creuser une saignée à l'arrière de celles ci, et de glisser simultanément plusieurs broches longues et fines par dessous. Chacun mène son opération avec plus ou moins de succés, certaines parties étant plus friables que d'autres. Certaines se révéleront trop dures et cimentées lors du dégagement.

La récolte ne s'annonce pas trop mauvaise au vu des nombreux blocs étalés sur la longueur du chantier.

Survient alors Despotium Agricolum (propriétaire des lieux), - Veni, vidi et dixit en montrant la plaque à Gérard " celle ci est pour moi car les pièces que vous m'avez apportées ne sont pas d'un niveau suffisant par rapport à ce que vous récoltez, je prends donc cette plaque et vous me la descendez à ma voiture "!!!! - Mais bien sûr, pas de problème, Monsieur le richissime propriétaire!! - Ces oursins valent des centaines et des centaines de milliers de francs!! dixit le maître des lieux. Seulement quelques grimaces de ceux qui avaient trimé depuis le matin et qui voyaient s'envoler les prix de leurs efforts. La pièce en question ne risquait quand même pas de s'envoler, vu que c'est moi qui l'aie descendue. En fait, c'était la deuxième de la journée et il fallait bien que quelqu'un la porte, beaucoup avaient un poids au moins aussi lourd sur l'estomac... Ce coup là, on ne nous l'avait encore jamais fait. Je laisse à tous le soin de méditer là dessus, ou d'écrire... Vraiment dommage car nous avions passé une très belle journée.

Quelques conseils de dégagement : Enduire de colle à bois diluée dans de l'acétone la face inférieure des plaques à dégager, utiliser ensuite des ciseaux, brosses et couteaux, enfin dépoussiérage à l'acide chlorhydrique dilué.

Michel DUMAS

 

Puisqu'il faut écrire, eh bien écrivons. Je n'ai personnellement pas pu participer à cette sortie, mais j'en ai quand même suivi l'organisation et je voudrais en faire la conclusion :

En premier lieu, je tiens absolument à renouveler ma confiance et à exprimer mon soutien aux organisateurs qui se sont défoncés pour organiser une nouvelle sortie. Ils avaient parfaitement mené les négociations avec le propriétaire, sans que j'intervienne et avaient obtenus son autorisation verbale. Je ne peux donc que les remercier pour le travail accompli et les encourager à poursuivre dans cette voie.

Deuxièmement, suite aux renseignements que nous avons pu obtenir après la sortie, auprès de quelques autochtones, il semblerait que le dit propriétaire soit coutumier du fait et ait déjà eu maille à partir avec d'autres homo sapiens. Il donne l'autorisation, laisse effectuer le travail, puis choisit le bon moment pour débarquer et faire un petit cinéma sur la valeur inestimable des oursins puis confisquer les plus belles pièces extraites...

Enfin, cet exemple illustre parfaitement ce que j'ai déjà dit maintes fois : le mercantilisme pratiqué par certains nous porte un préjudice terrible et nous discrédite complètement. Notre Despotium Agricolum a déjà vu des oursins dans des bourses et il est donc convaincu de posséder une fortune fabuleuse, ce que nous appellerons désormais " le syndrome de Saint Paul ".

Nous aurons beau dire à qui l'on voudra que nous ne vendons pas les cailloux que nous récoltons, il y a quelques brebis galeuses dans le milieu de la géologie amateur qui ne se gênent pas pour vendre leur récolte et nous en faisons les frais.

Jean-Marc TEISSANDIER